Une journée à Bruges

38 km à vélos légers pour Hélène et Seb

Pour une fois, j’ai trouvé que l’appellation « Petite Venise » (Petite Venise du nord) était bien appropriée, avec plusieurs éléments et impressions qui m’ont rappelé Venise.

Wannes et Karen nous ont proposé de rester une deuxième nuit pour aller visiter Bruges à vélos légers, et malgré la distance (16 km) cela nous a séduits.

Grande ville touristique avec ses calèches à cheval comme Palerme notamment…

Je m’endors et mon téléphone me tombe sur le nez alors dodo…

Ajout du matin de Seb:

La visite de Bruges à été l’occasion de voir ce qu’était une grande ville cyclable, et c’est chouette de constater une fois de plus que c’est possible de concilier vélos, autos et piétons. On s’est même senti très à l’aise sur un morceau de piste cyclable qui longeait une 2×3 voies: la petite haie coupait bien le bruit, des murs anti bruit par endroits, et une piste bien large. Et des ponts exprès pour traverser …

Sur le chemin de Bruges, on a aussi vu des rétrécissement voiture avec passage vélo (bypass) tous simples et pas cher, de quoi donner du grain à moudre à nos élus hexagonaux …

Nous avons vu des variantes encore plus simples, le rétrécissement voiture étant simplement fait avec un bac à fleurs posé de chaque côté de la chaussée + de la peinture sur la route pour la signalisation.

Le soir, c’est soirée foot: Belgique contre Angleterre. Nous regardons le match en grignotant croque monsieur, chips et bâtons de légumes … et bière belge !

C’est la Belgique qui gagne 1-0 !

(Enfin, nous le savions déjà que la Belgique aurait le dessus sur l’Angleterre, sinon on aurait traversé la Manche à Calais la semaine dernière 😉)

Bekegem

33 km Clémence, 41 km Hélène et Seb

Ce matin le double toit de la tente est trempée sur la face intérieure. Cela arrive toujours plus ou moins suivant les jours, mais là à peine on effleure la toile qu’il pleut dans l’abside !

Comme nous voulons partir vite à cause du vent on plie tel quel, sans passer de chiffon pour éponger : tant pis pour le poids supplémentaire et ça séchera bien ce soir …

Diskmuide est sur le front Belge de la Grande Guerre, et la zone est un peu leur Chemin des Dames à eux. Nous passons d’abord devant un monumental mémorial.

Puis quelques km plus loin (après un arrêt cueillette de cerises) il y a le ‘Boyau de la Mort’, nom très parlant à défaut d’être charmant: une tranchée construite pour progresser vers des réservoirs d’essence, objectif stratégique à conquérir car il permet d’avoir un point de vue (et de mitraillage) en hauteur.

La tranchée est transformée en musée, et nous la longeons sur le chemin pédestre qui passe le long. Puis à vélo sur l’autre côté.

Avec tout cela, à mi journée on a fait moins de 10km, heureusement le vent souffle, mais moins fort qu’hier : on continue à progresser direction Bruges pour bivouaquer à proximité afin de visiter demain.

Tiens, une voiture garée sur le bas côté … ah, mais il y a un homme qui nous fait signe ! Ainsi se font les rencontres: Wannes est papa d’une famille de cyclo voyageurs, et membre de Warmshowers. Il nous invite chez lui, à 8km. Ça ne nous rapproche pas mais ne nous éloigne pas non plus de Bruges … go !

Wannes prend le vélo de Clémence et des des sacoches dans son coffre. Les 2 grands montent aussi dans la voiture.

Et c’est à vélos allégés que nous finissons l’étape où nous retrouvons nos 2 aînés qui ont déjà sympathisé avec les enfants de Karen et Wannes même s’ils ne parlent pas là même langue !

Les articles arrivent !

Que voulez vous, nouveau départ, passage de frontière, dépaysement, pas le temps d’écrire !

Là nous sommes à Bekegem chez un warmshowers qu’on n’avait pas contacté, qui nous a attrapés au passage :^)

Kaaskerke (Diksmuide)

34km

Évidemment on n’était pas prêts à l’heure dite, que c’est difficile de finaliser des préparatifs de départ avec un bébé dans les bras… Nos bienveillants bienfaiteurs n’ont pas eu l air de trop nous en vouloir, et nous avons pris la route avec un très beau comité de départ sous le soleil, au pied du vieux moulin et des couleurs des Flandres !

A propos de couleur, nous sommes dans une région où est cultivé entre autres le lin. Il fleurit justement, et ces petites fleurs d’un bleu charmant sur une mince tige vert tendre, c’est très joli. Par moments de loin la surface d’un champ de lin peut ressembler à une étendue d’eau, c’est troublant.

Dans les critères examinés pour le choix Belgique-Pays-Bas vs Royaume-Uni on a un peu oublié de mettre le vent dans la balance… et là il souffle nord-est avec force et pour prendre le lin en photo il met partout du flou pas vraiment artistique !

Avec de la patience on finit par y arriver ☺

On s’épuise face au vent, qui a du coup tendance pourrir l’ambiance. Longue pause déjeuner près d’une église qui nous abrite du vent, puis bivouac tôt dans un pré fauché pour démarrer tôt demain matin : le vent est modéré d’abord, et forcit au fil des heures.

36 !

Pain frais pour un festif petit-déjeuner d’anniversaire !

Remplacement du drapeau de Flandres, hissé par Baptiste avec Maurice et Jean-Maurice !
Auprès des ânes de « Ces Ânes »

Maurice, l’homme qui murmure à l’oreille de « Ces Ânes »
Promenade en calèche !

Hondschoote toujours

Le moulin près de notre gîte est un des plus vieux d’Europe, il a été construit au XIIème siècle. Le gîte dans lequel nous logeons est l’ancienne maison du meunier.

Hondschoote

41 km

Au matin, le pied de Clémence va plutôt mieux, mais elle boîte encore beaucoup et ne peut pas pédaler. C’est donc Baptiste qui prend le vélo de Clémence allégé de ses sacoches qui finissent dans les 2 sièges enfant des vélos des parents, Justine étant sur son vélo dételé.

Heureusement, nous sommes dans le plat pays et les routes sont calmes. Vient le moment où Justine fatigue: que faire de la sacoche qui occupe son siège ? Elle finira sur le porte bagages de son petit vélo vert remorqué par Hélène !

Quant à Baptiste, il peine mais je l’aide en le poussant. C’est comme ça que je me retrouve sur quelques kilomètres avec: Clémence et son pied blessé à l’avant du tandem, portant elle-même Marjorie, Justine sur le siège arrière … et Baptiste à mon côté en roue libre que je pousse pendant qu’il se repose !!!

Heureusement que le vent est favorable ☺

Nous arrivons à Bergues, ville rendue célèbre par le film « Bienvenue chez les Ch’tis ».

Un petit tour pour visiter à vélo, et on continue direction Hondschoote (prononcer onskot), où Maurice et Jean-Maurice nous ont proposé le gîte de l’association ‘des amis et des pèlerins du Westhoek’ pour nous héberger.

Baptiste reprend de l’énergie dès qu’il aperçoit le moulin à vent près duquel se trouve le gîte.

Tout une troupe nous voit arriver !

Hélène expliquant notre parcours

Maurice nous accueille. Le soir, repas partagé bien sympathique.

Texte d’un pèlerin affiché dans le gîte
Caroline joue avec les enfants pendant que nous finissons de nous préparer à quitter nos hôtes à Watten

Watten – 10 ans ! C’est le pied…

What ? Ou ouate, au choix : c’est ainsi que se prononce le nom de ce village.

Départ en fin de matinée de Longuenesse, Anita est rentrée un moment du travail pour nous voir partir. On a de la musique plein la tête…

Pause au Parc de Saint Omer qu’on nous avait dit magnifique, il semble immense ! L’air de jeux, grande, variée, est au goût des enfants, de même que la proximité immédiate de toilettes – toujours utiles, souvent absentes… Le lieu et le moment sont parfaitement adaptés pour le coup de fil que nous recevons à ce moment-là d’une journaliste, Emilie, qui s’intéresse à l’instruction en famille.

On finit quand même, à un moment, après quelques lectures de messages adressés à Clémence, par se mettre en route.

La route flirte avec l’extrémité ouest du marais, on trouve le moyen de ne passer devant aucun maraîcher, là il y a un raté… le long du canal nous voyons passer 3 péniches lourdement chargées, enfants et parents nous sommes tous impressionnés de voir comme elles s’enfoncent profondément dans l’eau ! Les ancres à la proue disparaissent plus ou moins dans la vague que forme la progression du bateau…

A Watten on s’arrête à la boulangerie de la rue principale. As tu remarqué Sébastien que depuis quelques jours on voit souvent une boucherie dans les villages ? Oui, allons voir ce qu’ils proposent…

Je suis un peu à la traîne, quand je pousse à mon tour la porte du magasin j’apprends que nous avons été reconnus par rapport au reportage, qu’un saucisson à l’ail a été offert, que la spécialité locale c’est en particulier le « potsch » – nom raccourci du potjevleesch (ne critiquez pas l’orthographe, il paraît qu’il y en a plusieurs…). Des biscuits s’y ajoutent pour marquer l’anniversaire de Clémence. On n’a jamais pu régler les rillettes que Sébastien avait prises…

S’en régaler, par contre, fut aisé ! A l’aire de jeux toute proche, indiquée par Esther de la boucherie, les enfants se régalent les papilles et les gambettes !

« Maman, je me suis fait mal… » En sautant dans le sable depuis un jeu, Clémence s’est mal réceptionnée. Douleur vive sur le côté externe du pied, à mi-longueur. Mais quand je mobilise le gros orteil ça fait mal aussi, et je sens dans mes doigts des frottements bizarres.

On met de l’argile, ça soulage un peu, on immobilise avec une attelle, ça soulage plus. Pas question de marcher sur l’heure, et encore moins de pédaler. Il est 17h30, je file à la pharmacie chercher une bande qui maintienne mieux, et me renseigner sur les urgences et maisons médicales les plus proches au cas où ça aille mal demain. Il y a justement une maison médicale à quelques mètres… Et une secrétaire pour m’accueillir, et un médecin d’accord pour examiner Clémence. Je vais les chercher à l’aire de jeux.

Il y aurait bien là un coin pour bivouaquer, mais ça ferme la nuit…

Justine prend volontiers son vélo, Clémence accepte, à condition de retirer quelques éléments stratégiques de son panier (sa chère liseuse…), qu’on règle le vélo à la taille de Baptiste.

Qui refuse de monter dessus. On prend les sacoches de Clémence sur les sieges des filles (Justine est sur son vélo, Marjorie sur mon dos) et Baptiste pousse le vélo jusqu’à la maison médicale. Allez il veut bien monter dessus pour 20 des 30 derniers mètres.

Pendant que j’attends avec Clémence Sébastien retourne voir le boucher et sa femme si chaleureux pour leur demander s’ils sauraient où nous pourrions planter la tente ce soir, coin de pré, jardin… il ne revient pas avec des indications mais avec une invitation que m’annoncent Baptiste et Justine.

A l’examen le pied de Clémence n’est pas enflé, y compris là où il l’était un peu avant de mettre l’argile ; et bien moins douloureux. Le médecin ne voit rien d’alarmant, et nous invite à la vigilance : antidouleurs, radio en cas d’absence d’amélioration.

Nous sommes accueillis très chaleureusement par Jean-Jacques et Esther et leur fille Caroline, qui nous aident à monter les affaires chez eux, au-dessus du magasin. Et nous servent, avec des coquillettes, d’excellents vrais steaks hachés qui me rappellent plein de souvenirs lointains et sont délicieux. Quand j’accompagnais mon papa chez le boucher…

Dans la chambre où nous dormons, belle collection de Tintin, Astérix, Lucky Luke ! De quoi attendre patiemment l’endormissement de Marjorie…

Nous sommes particulièrement touchés par l’accueil de nos hôtes, accueil que, pour une fois, nous avons sollicité.

À Saint-Omer

17 km

Aujourd’hui, après un début de matinée farniente, visite ballade de Saint-Omer et de ses environs à vélos légers et à pied.

Saint-Omer est une charmante petite ville entourée de marais dont beaucoup sont utilisés pour la culture, et notamment du chou-fleur en cette saison. Nous visitons une partie des marais en suivant une promenade, qui fait traverser un des canaux avec un bac à chaînes.

La cathédrale est majestueuse elle aussi … et pour cause: elle a reçu la visite de plusieurs rois de France …

Il y a aussi l’ex abbatiale Sant-Bertin, dont nous parcourons les ruines.

Le soir, Anita nous a préparé un copieux dîner: un curry, puis est arrivée une énorme pile de crêpes avec bougies et petits cadeaux pour l’anniversaire de Clémence … et pour la simple joie de ses frère et soeurs !

Nous comptions ressortir pour la fête de la musique, mais au vu de l’heure nous décidons de la faire intra muros: Michael et Maël sortent leur guitare, Maël alterne avec le piano. Tout le répertoire des chansons françaises y passe, les chanteurs ont de la voix !

Changement de cap !

4 km à vélo … et 40 en véhicule motorisé !

La question classique : « Vous allez où comme ça ? »

La réponse habituelle : « En Angleterre ! »

La réaction fréquente : de grands yeux ronds jusqu’en Baie de Somme, depuis c’était plutôt « ah ben vous y êtes presque ! »

L’Angleterre, la Grande-Bretagne, le Royaume-Uni… On nous a parlé de beaux endroits à y voir, de l’accueil chaleureux réservé aux français /aux voyageurs / aux familles… On nous a aussi parlé du climat, du relief, des pistes cyclables rares, de petits insectes appelés midgets ou quelque chose comme ça…

Depuis Saint-Valery et son crachin devenu pluie et froid, Boulogne et son crachin qui a imbibé le linge étendu, l’idée d’un été avec pas mal ce genre de temps et de température, ça m’a un peu refroidie…

Le relief dont nous a parlé Marc de Nantes, croisé juste avant le Cap Gris-Nez, ça a tourmenté les enfants.

Les midgets, une famille déjà nous en avait parlé, ça donne carrément pas envie…

Il y a le timing, Sébastien était inquiet de courir après le temps, d’être sous forte contrainte pour le retour mi-septembre…

À côté de ça, depuis Laon et Stéphane combien nous ont vanté le réseau cyclable des Flandres ? Les frites comme spécialité, ça plaît pas mal, le plat pays, Clémence ça l’emballe franchement, les Pays-Bas « pays du vélo » Baptiste aussi veut aller voir…

Ça, plus ça, plus ça : conseil de famille, et à l’unanimité, malgré pincement au cœur pour chacun et pour des raisons différentes, nous avons décidé de rester sur le continent. Le dépaysement ne passera donc pas par le rouler à gauche (on avait déjà pensé qu’il faudrait changer nos rétroviseurs de côté), on traversera la Manche une autre fois.

Pour tout vous dire, le doute s’est immiscé dans les 3 derniers jours essentiellement, et c’est seulement ce mercredi en cours de journée que nous avons posé la décision de changer de cap.

La Belgique, les Pays-Bas : un voyage à peine imaginé, au début du printemps 2015, pour l’été qui suivrait, et immédiatement modifié pour être en famille dans l’été – y aller maintenant, c’est inattendu…

Et alors là, donc, c’est le moment où on se dit « Bon alors, on va par où après ? » et où quelqu’un apparaît tout en douceur en disant « Vous voulez venir chez moi ? J’habite par là et vous pourriez vous poser un peu… » Vous ne trouvez pas que la vie est bien faite ?

C’est que ce mercredi matin, avant le conseil de famille – déjà annoncé aux enfants – et en chemin vers l’office de tourisme de Calais, on a d’abord acquis un drapeau français au magasin d’accastillage du port – nécessaire quelle que soit la décision prise – et tiens, place d’Armes, un marché, on a fini nos derniers fruits, un kiwi, deux pêches qui s’abîmaient, deux nectarines, un abricot, une poire (du vrai fond-de-sacoche inventaire-à-la-Prevert), pour aller faire quelques courses fraîches au marché. Des fraises brillantes à souhait, et aussi sucrées et savoureuses que belles et brillantes ; des pommes, et quelques petits pois que les enfants veulent croquer. Tiens au bout de l’allée, dans la halle, y a quelque chose. Manifestation (européenne) autour de la consommation de fruits et légumes. Les enfants sont ravis, ceux qui s’emerveillent de leurs connaissances en fruits et légumes le sont aussi ! Des personnes qui interviennent par le biais d’associations diverses pour la sensibilisation à la santé, au goût…

Parmi eux Anita, de Saint Omer pays de maraîchage, qui donc nous invite…

Et elle trouve en plus le moyen de nous faire embarquer vélos sacoches cyclistes dans la camionnette de son ex mari ! Ça tient tout juste, il y a les hommes en camionnette et les femmes en voiture.

Ça se termine en chansons autour de Maël au piano, Michaël à la planche à laver (enfin ça s’appelle comme ça mais pas en français, et ça se joue au dé à coudre ou à… la petite cuillère…), Anita aux fourneaux pour des pâtes au saumon succulentes !

Extra, inoubliable ! Inattendu et tellement parfaitement adapté au moment…

Nous sommes invités rester une deuxième nuit, ce qui nous permettra de nous poser un peu pour la première fois de ce voyage.